Le contexte :
- la difficulté d’assurer la soudure, c’est-à-dire la période précédant les premières récoltes et où le grain de la récolte précédente peut venir à manquer. Malgré toutes les actions en faveur de la production agricole vivrière, la soudure alimentaire persiste même si sa durée a été réduite de moitié entre 1990 et 2012 où elle est passée de 8 à 4 mois. Cette soudure alimentaire, de plusieurs semaines et qui est consécutive à la rupture des stocks vivriers, concerne tous les foyers.
- l’insalubrité dans la préparation des aliments à domicile (durée d’exposition ambiante du poulet entre l’abattage et la préparation), sans avoir, pour la majorité des cas, la possibilité d’utiliser une chaîne de froid
- l’insalubrité de l’environnement de vente des aliments. Le mode de service laisse à désirer : mains presque toujours sales, service souvent sans aucune forme d’emballage ou types d’emballages inappropriés.
- la nécessité de consommer rapidement les produits périssables qui entraine d’ailleurs la perte d’aliments lors des récoltes surproduction/consommation.
- l’analphabétisme d’une partie de la population qui ignore les règles élémentaires d’hygiène et qui parfois ne peut lire la date de péremption des produits manufacturés, entrainant une exposition à des risques d’intoxication multiple.
Deux facteurs importants sont à prendre en compte dans l’adoption d’une politique de diversification alimentaire : l’acceptabilité des produits avec le changement d’habitudes et le prix de la prestation.
Un système convenable de stockage de la production est donc nécessaire, ainsi qu’un système efficace de transformation, de conservation et de distribution des denrées alimentaires, si l’on veut que la distribution des disponibilités soit équitable et suffisante au niveau des communes et des ménages des zones rurales en particulier.
Ceci nous a amené à échanger avec de nombreuses personnes qui nous ont conseillés, la mise en place d’une micro-conserverie.
L’historique :
Ayant exercé la profession de fabricant de conserves en Bretagne pendant plus de 50 ans, Jean-Jacques HENAFF s’est intéressé à la question et s’est rendu au Bénin au mois de mars 2009 afin d’étudier une solution adaptée aux conditions locales. Il a alors imaginé une micro-conserverie dont le matériel technique serait logé dans un conteneur maritime de manière à éviter des installations compliquées à réaliser au Bénin.
Mais l’idée de ce projet de micro-conserverie n’aurait pu se réaliser sans les longues relations d’amitié entre Claude DREANO et Jean Jacques HENAFF. Claude DREANO, ingénieur de formation, qui a été pendant de longues années un créateur de matériel innovant pour l’industrie alimentaire, fut aussitôt emballé par le projet et cela donna lieu à la création du Fonds de Dotation Entr'aide d'Armorique (FDEA).
La micro conserverie se présente sous la forme d’un container normalisé et adapté au processus de production et pourvu de matériels neufs, l’ensemble de cet équipement représentant un investissement entièrement financé par FDEA et mis à disposition de France Bénin Vendée.
Jean Jacques HENAFF et Claude DREANO ont travaillé à construire un équipement très fiable sur le plan technique en respectant les règles exigeantes qui s’imposent à l’industrie alimentaire et en tenant compte des conditions difficiles de fonctionnement locales.
La micro-conserverie consiste en un petit bâtiment très léger, assemblable à destination, dans lequel vient s’insérer le conteneur technique. Le principe de « la marche en avant » est respecté ainsi que les conditions d’hygiène tout au long du process.
Le procédé :
Il s’agit donc d’une véritable conserverie appliquant le principe de l’appertisation, c’est-à-dire de la conservation par stérilisation des produits dans un autoclave chauffé au gaz butane.
Toutefois, il n’est pas question d’utiliser soit des boites de conserve métalliques soit des récipients en verre qui ne sont pas disponibles facilement sur place. Des sachets stérilisables, faciles à stocker dans de bonnes conditions avant remplissage, et qui peuvent convenir à des produits de formes très diverses sont utilisés. Il n’est pas non plus question de fabriquer des produits tels que nous en avons en France :
il s’agit d’abord de permettre à des petits agriculteurs et des consommateurs béninois de conserver soit des poulets entiers par exemple, soit des fruits (mangues, ananas).
Les étapes du projet :
La création de la coopérative est en marche avec l'aide de la DDAEP de Parakou (Direction Départementale de l’Agriculture et de la Pêche). Le conteneur est posé sur son socle.
Place à la construction des bâtiments autour du conteneur permettant le respect de la marche en avant dès janvier 2021.
Ensuite la phase test avec l’accompagnement de la DDAEP de Parakou.
La demande d’agrément auprès d’un laboratoire est en cours auprès des autorités béninoises. Et enfin la vente du procédé à la population.
Cette micro-conserverie est un réel motif d’espoir pour permettre de :
Conserver les fruits et récoltes précédemment sacrifiés. Raccourcir la période de soudure. Permettre aux femmes utilisatrices d’avoir de nouveaux revenus participant à leur autonomisation.
De ce fait, ce procédé innovant et novateur est appelé à être dupliqué dans d’autres régions du Bénin, avec le soutien de FDEA.